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de Ramdane HAKEM

S'intéresse au devenir de l'Algérie dans la mondialisation

Ali Zamoum ou l'esprit du 1er Novembre 1954

Publié le 27 Août 2012 par Algérie en Questions in Histoire

Ali Zamoum nous a quitté le 27 août 2004, à deux mois du cinquantenaire du 1er Novembre 1954. Ses funerailles auront été empreintes d'une signification particulière, tout comme avait été exceptionnelle sa vie.

Il y avait bien sûr les artistes, les jeunes, les anonymes,  les gens du peuple venus si nombreux témoigner de leur considèration pour Da Ali, l’ami des pauvres. Comme de normal, l'on trouvait également ses compagnons de toujours, Mohand Saïd Mazouzi, Meziane Louanchi, Samir Imalayen…ou encore les anciens de Debza; tous étaient là pour vivre la grande séparation. Un observateur averti n'aura toutefois pas manqué d'être interpellé par un autre fait : que ce soit à la levée du corps à l’hôpital Paul Brousse (Paris), ou lors de son enterrement au carré des martyrs de Tizi-n’Tleta, des personnalités d’horizons politiques tout à fait opposés se sont associées pour  rendre un hommage éclatant au dernier lion du Djurjura.

Quelle signification peut-on donner au fait que  Mohamed Harbi, l’irréductible opposant,  et Mohamed Ghoualmi, l’ambassadeur d’Algérie en France, se soient retrouvés autour du corps d’Ali Zamoum pour prononcer, à peu de choses près, les mêmes paroles ? Que nous dit la présence de Mustapha Bouhadef du FFS ou Ferhat M’henni de MAK dans le même rassemblement que Redha Malek et le Général Touati ? Qu’est-ce qui a fait se déplacer des personnalités aussi diverses que Aït Menguelet, Ben Mohamed, le professeur Abdelmoumène, Hachemi Cherif (lui-même grandement malade), Arezki Aït Ouazou et tant d’autres encore… ?

Un début de réponse à cette interrogation, nous pouvons le trouver dans l’allocution que Mohamed Harbi pronnonça à la morgue de Paul Brousse, avant le départ du corps pour l’aéroport et l’Algérie ; il avait dit : Ali Zamoum est un des fondateurs de l’Algérie, un fondateur de la république algérienne.

Quel bel hommage au jeune Kabyle qui porta sur son dos  la ronéo et le tract du 1er Novembre 1954 ! A l’un de ceux qui offrirent en sacrifice leur bien le plus précieux (la vie) pour que vive l’Algérie. A tous ceux qui, avec (avant) Ferhat Abbas dirent : « être ou ne pas être, vivre en peuple Algérien libre et indépendant ou rester une multitude d’esclaves, devant cette alternative notre choix est fait ! »

En cette veille du 1er Novembre nous voulons aller plus loin : si la disparition d’Ali Zamoum a suscité tant d’émotion, en particulier chez les jeunes et tous ceux que préoccupe le devenir de l’Algérie, c’est, nous semble-t-il, pour ce qu’il représente aujourd’hui encore comme attitude face aux grandes difficultés qu’affronte  le pays.

L’assistance aux enfants abandonnés à l’indépendance,  l’engagement conséquent en faveur de l’Autogestion,  le soutien à Kateb Yacine et l’Action Culturelle des Travailleurs, la redynamisation des Djma’a de villages, l’accompagnement du mouvement de la jeunesse de Kabylie après 1980, la fondation de l’association de bienfaisance « Tag’mats » en 1996 sont autant de témoignages éloquents sur le sens et la constance des valeurs pour lesquelles Ali Zamoum s’est engagé.

Par son action politique, culturelle et sociale, par sa manière de vivre au quotidien, Ali Zamoum a oeuvré, sa vie durant, à faire vivre des idéaux que nous nous permettons de regrouper en cinq grands axes :

• Un attachement intransigeant à l’Algérie, que rend bien l’expression de Mohamed Boudiaf : l’Algérie avant tout.

• Une vision de la nation d’où est bannie toute forme d’exclusion, qu’elle soit d’essence éthnique, religieuse, sexuelle ou régionaliste.

• Une exigence éthique permanente faite de primauté de l’intérêt collectif sur l’intérêt individuel ou de clan, de refus de la corruption et de la compromision sous toutes leurs formes ; de solidarité avec les faibles et les opprimés, du culte de la vérité et rejet du mensonge, « même pour la bonne cause » ; de fidélité aux principes et aux engagements pris.

• La démocratie sociale comme projet de société susceptible de donner corps au rêve d’une Algérie d’où seront bannies la misère, l’injustice et l’inculture.

• L’action politique, mais également l’action culturelle, l’action sociale et l’exemplarité des comportements comme autant d’instruments que les militants de l’Algérie se doivent d’utiliser afin de réaliser le progrès pour tous.

Ces idéaux, à notre avis, sont en vérité la traduction pratique, en permanence actualisée, du projet de Novembre 1954 ; ce dernier, loin de s’éteindre à l’indépendance, continue d’alimenter de son humanisme vivant la marche de l’Algérie vers son destin. En ce sens, et Ali Zamoum le dit explicitement dans son livre « Tamurth Imazighen », il aura été un « survivant », sa mission était de transmettre aux générations nouvelles le message de Novembre. Ce qu’il fit.

Et c’est pour se réchauffer à ce rêve collectif que des hommes et des femmes de tous bords, mais qui ont l’Algérie au cœur, s’étaient retrouvés afin de rendre un vibrant hommage à celui qui demeura fidèle à une si admirable promesse.

Ramdane HAKEM

 

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L
lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news<br /> <br /> En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l'époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l'Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l' isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd'hui se décide à parler.<br /> <br /> 35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat.<br /> <br /> Sur radio-alpes.net - Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) - Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone...émotions et voile de censure levé ! Les Accords d'Evian n'effacent pas le passé, mais l'avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)<br /> <br /> Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net
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A
pour de Gaulle, les supplétifs (harkis) ce sont que des jouets de histoire, ils ne sont ni membres de l´armée francaise ni francais! de Gaulle avait raison quand il déclarait que la france n´a pas<br /> d´amis,elle n´a que des intérêts
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L
HARKIS LES CAMPS DE LA HONTE : lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news<br /> En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après<br /> 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l'époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l'Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200<br /> harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l' isolement total de la société<br /> française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd'hui se décide à parler.<br /> <br /> 35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude<br /> Honnorat.<br /> <br /> <br /> Sur radio-alpes.net - Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) - Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone...émotions et voile de censure levé ! Les Accords d'Evian<br /> n'effacent pas le passé, mais l'avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)<br /> <br /> Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net
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